A partir de lundi 22 février, la durée d’isolement des patients Covid+ passera « de sept à 10 jours » a annoncé Olivier Véran, le ministre des solidarités et de la santé, lors d’une conférence de presse donnée le 18/02/2021.
Selon le ministre, « certaines études scientifiques évoquent la possibilité que les variants puissent être responsables d’une durée de contagiosité plus importantes » que celles de la souche historique du Sars-CoV-2. La durée d’isolement pour les cas contact restera de sept jours.
Il a également annoncé le prolongement jusqu’au 1er juin 2021 du système de télédéclaration via le site internet de l’assurance maladie pour déclarer sa positivité et pour bénéficier d’un arrêt de travail, sans jour de carence.
Vittoria Colizza, directrice de recherche à l’Inserm, a présenté les données utilisées pour le suivi de l’épidémie : « Le couvre-feu anticipé a eu un impact considérable sur le recul de la souche historique (…). Si seule la « souche historique » circulait, on serait capable aujourd’hui d’avoir un recul de l’épidémie dans le temps, grâce à ce couvre-feu à 18h ». Or, dans le même temps, « on a une augmentation du variant britannique », a-t-elle constaté, précisant que cette modélisation est « en accord avec les estimations qui sont issues de la deuxième enquête flash ». Ainsi, en additionnant les deux courbes (courbe de la souche historique et courbe du variant britannique), « on se retrouve sur un plateau [..], qui est un équilibre important à garder mais en même temps assez fragile ».
Projections et vigilance
Trois projections fondées sur trois hypothèses ont été présentées :
- Maintien de la situation (situation de référence étant la semaine du 1er au 7 février 2021), la projection permet de mettre en lumière « une augmentation du nombre d’hospitalisations hebdomadaires à cause de l’augmentation du variant [britannique] dans le temps », même « si on est capable de continuer à faire baisser la souche historique ».
- Assouplissement des mesures : la dynamique d’augmentation du nombre d’hospitalisations hebdomadaires est « plus largement » accélérée.
- Renforcement des mesures de distanciation sociale : renforcement de la stratégie « tester-alerter-protéger ». « Dans ce cas, on pourrait avoir une plus forte réduction, pas seulement de la souche historique, mais aussi du variant britannique dans le temps », ce qui permettrait, selon la directrice de recherche, de « gagner du temps par rapport au moment où on pourrait [vacciner] de façon plus large [et] donc impacter la courbe épidémique ».
Pour Olivier Véran, si ces projections ont leur marge d’incertitude, elles nous montrent ce qui pourrait se passer dans les prochaines semaines et impliquent de toute façon de « redoubler de vigilance », notamment autour des variants.
36% des cas positifs criblés correspondent à des variants dits britanniques
Selon le ministre, la stratégie « tester-tracer-isoler » est « l’une des armes les plus puissantes dont nous disposons ». Aujourd’hui, la très grande majorité des tests positifs (antigéniques ou PCR) sont passés en criblage ou en séquençage, et il ressort que 36% des cas positifs criblés correspondent à des variants dits britanniques et que 5% correspondent à des variants dits brésiliens ou sud-africains », a expliqué Olivier Veran.
Disparité territoriale
À Dunkerque et dans le département du Nord, le taux de variant britannique est à 72% et l’incidence en hausse régulière, dépassant les 600 cas pour 100.000 habitants par semaine. A Mayotte, « le variant sud-africain pèse pour 69% des cas, la pression sanitaire y est très élevée ». Il y a donc « un lien clair entre la flambée épidémique et la montée des variants (…) mais force est aussi de constater qu’un fort taux de variant ne s’accompagne pas toujours – en tout cas pas au début – d’une augmentation du nombre des contaminations (…) et, pour l’heure, nous ne savons pas l’expliquer » a-t-il exposé.
Actions mises en place
- Des tests salivaires seront déployés dès la semaine prochaine, notamment dans les écoles.
- La visite d’un infirmier libéral à domicile est proposée depuis le 21/01 (plus de 32.000 visites à domicile ont déjà été réalisées)
- Accélération de la campagne vaccinale
Calendrier de la campagne vaccinale
En termes de vaccination, le Ministre l’affirme : « Nous vaccinons à flux tendu, au rythme des livraisons [de doses] par les laboratoires et nous développons des productions en France et en Europe ».
Fin février : livraison de 700.000 doses du produit d’AstraZeneca, mises à disposition des médecins de ville par les pharmacies référentes entre le lundi 22 février et le mercredi 24 février (cf dépêche du 09/02/2021 à 16:31).
En février et en mars : la vaccination des 75 ans et plus va se poursuivre, avec une augmentation du rythme, à mesure que les livraisons de vaccins s’accélèrent. (…) Depuis lundi, plus de 250.000 créneaux de rendez-vous ont été alloués aux différents centres de vaccination ». Les personnes de 50 à 64 ans inclus atteintes de comorbidités peuvent être vaccinées « dès aujourd’hui » par les soignants à l’hôpital et à partir du 25 février par les médecins généralistes, avec le vaccin d’AstraZeneca.
Dans le courant du mois de mars : le vaccin d’AstraZeneca sera « rendu directement accessible en pharmacie pour tous les Français âgés entre 50 et 64 ans, ainsi que chez leur médecin, infirmier ou tout autre professionnel de santé habilité à vacciner ».
Entre fin mars et début avril : « nous espérons être en mesure d’ouvrir la vaccination -cette fois-ci- aux personnes âgées de 65 à 74 ans ». Pour cela, le ministre a adressé jeudi matin des consignes aux agences régionales de santé (ARS), à l’assurance maladie, aux maires, aux centres communaux d’action sociale (CCAS) et aux associations, réunies à Matignon et a fait savoir qu’il encouragera « toute opération visant à ce que les inégalités sociales, n’accroissent pas les inégalités de santé ».
Sources : APM News, Huffington post