Pour l’épidémiologiste Arnaud Fontanet et la pédiatre Isabelle Sermet-Gaudelus (de l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris) dès lors qu’elle sera possible, la vaccination des enfants contre le Covid-19 sera nécessaire pour atteindre l’immunité collective – ont ils exposé le 15 avril lors d’une communication de l’ANRS Maladie infectieuses émergentes.
À l’heure actuelle, seule la vaccination des adultes contre le Covid-19 est autorisée en France, à l’exception de la vaccination avec Pfizer/BioNTech, qui peut être réalisée à partir de l’âge de 16 ans. Plusieurs études sont en cours, notamment par Pfizer et Moderna, pour évaluer l’efficacité et la sécurité des vaccins chez les enfants (dès l’âge de 6 mois) et les adolescents. Pfizer a déjà fait savoir, fin mars, que son vaccin Comirnaty était efficace et sûr en phase III chez les 12-15 ans.
Lors de ce point presse de l’ANRS Maladie infectieuses émergentes, Isabelle Sermet-Gaudelus s’est réjouie de ces premiers résultats indiquant une efficacité vaccinale « très remarquable chez les adolescents, ainsi que des données bientôt disponibles en population pédiatrique. Car, en effet, il va falloir vacciner les enfants absolument pour atteindre l’immunité de population ».
Le responsable de l’unité Epidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur, Arnaud Fontanet, a lui aussi souligné qu’une « réponse immunitaire de très bonne qualité » avait été observée chez les adolescents vaccinés avec Comirnaty. Il a estimé que pour atteindre l’immunité collective, il allait falloir se poser la question de la vaccination de l’ensemble de la population et donc aussi de celle des enfants. La question de la vaccination des enfants pour la rentrée prochaine, cet automne, doit selon lui figurer dans les priorités à mettre en place.
Par ailleurs, alors que les écoles sont fermées en France depuis début avril afin de maximiser l’impact du confinement sur la 3e vague épidémique, Arnaud Fontanet a rappelé que la circulation du Sars-CoV-2 dans les écoles reflétait la circulation virale dans la communauté, selon des études menées lors du premier trimestre de l’année scolaire 2020-2021 : « Mais l’école n’amplifie pas la transmission du virus, contrairement à ce qu’on a pu voir avec la grippe ». Selon lui, la décision de fermer les écoles était pertinente dans la mesure où les résultats de l’étude ComCor ont révélé que les personnes ayant un enfant scolarisé au sein de leur foyer présentaient un surrisque d’infection, notamment si l’enfant est collégien ou lycéen.
Isabelle Sermet-Gaudelus a par ailleurs évoqué une étude de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), menée en collaboration avec l’Institut Pasteur, qui vise à comprendre pourquoi les enfants font principalement des formes paucisymptomatiques de la maladie alors qu’ils présentent des charges virales dans le nasopharynx et dans les selles totalement identiques à celles de l’adulte.
L’analyse des résultats est toujours en cours, mais il semblerait que la réponse immunitaire de l’enfant, que ce soit en quantité ou en qualité, soit différente de celle des adultes qui font des formes symptomatiques, en termes de réponse lymphocytaire T. La réponse des lymphocytes B est en cours d’exploration.
Source : APMnews